la pierre qui croule
Morvan Uchon Saône-et-Loire (71) Bourgogne
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Les savants expliquaient déjà prosaïquement le phénomène : la « pierre qui croule » et son support, appartenant à la catégorie des granits porphyroïdes tendant à se décomposer, les parties exposées aux intempéries, depuis des siècles, s’effritèrent peu à peu. Seuls, les points de contact échappant à cette décomposition, formèrent un pivot naturel qui, par sa position légèrement oblique, permettait un déplacement facile du centre de gravité.
Au milieu du XIXe siècle, la pierre qui croule d’Uchon - galet de granit de 8 m de large et de 2,30 m de haut, pesant plus de 20 tonnes - jouissait d’une propriété curieuse : celle d’osciller du nord au sud à la moindre pression.
Souvent qualifiée de Perle du Morvan, Uchon est perchée sur son massif granitique tout au sud du Parc naturel régional. Cette commune est réputée pour ses paysages préservés, son patrimoine naturel et historique ainsi que pour les nombreuses activités de plein air que l’on peut y pratiquer entre randonnée et VTT. Parmi les curiosités, on signalera le signal d’Uchon et ses chaos granitiques : qu’il s’agisse de la pierre qui croule, de la griffe du diable, de la chambre du bois ou du carnaval. On y bénéficie également d’un panorama exceptionnel sur la région.
Attention, femmes infidèles !
Pour revenir à la pierre qui croule et à son support, appartenant à la catégorie des granits porphyroïdes, les scientifiques expliquent depuis longtemps, prosaïquement, le phénomène : les parties exposées aux intempéries depuis des siècles se sont effritées peu à peu. Seuls les points de contact, échappant à cette décomposition, formèrent un pivot naturel qui, par sa position légèrement oblique, permettait un déplacement facile du centre de gravité. Mais pour les habitants, la pierre qui croule était auréolée de surnaturel. Les anciens la consultaient comme un oracle et leurs descendants, vigilants gardiens des traditions ancestrales, la prenaient encore pour arbitre. Ils l’avaient même transformée en juge spécialiste de la fidélité conjugale. Un mari jaloux concevait des doutes sur la sagesse de son épouse ? Il l’amenait de gré ou de force à la pierre qui croule. Et là, de son doigt tremblant, l’inculpée devait mettre le juge en mouvement. Le nombre des oscillations fixait, sans erreur possible, le soupçonneux conjoint sur son bonheur ou son infortune. On disait que certaines villageoises à l’âme inquiète venaient en cachette s’exercer à risquer l’épreuve.
En 1869, mortifiés par les méfaits de la pierre et surtout curieux d’en connaître le secret, les gars du pays, par un beau matin, s’acheminèrent au bois d’Escrots avec des cordes, une paire de bœufs et des leviers solides. Ils lient étroitement le roc et attellent les bœufs à la corde. Les leviers posés, l’attaque commence dans un effort combiné de pesées et de tractions. La pierre vacille mais résiste. Les assaillants courent chercher du renfort. L’attelage est doublé. Cette fois, la pierre quitte son pivot, se déplace de quelques pouces et se condamne pour toujours à l’immobilité. En une heure, ils venaient de détruire l’œuvre patiente des siècles.